Choix d'une aide technique : les conseils de deux ergothérapeutes

Date de mise à jour : 04/01/2023

Adeline Filoche et Delphine Goutard sont ergothérapeutes au CICAT (centre d’informations et de conseils sur les aides techniques) des Pays de Loire situé au Mans. Elles nous parlent du rôle du CICAT, des aides techniques qui peuvent faciliter la vie quotidienne des personnes âgées et de l’importance d’une approche personnalisée pour le choix d’une aide technique.

À quoi sert un CICAT ?

Delphine Goutard : Les CICAT ont tout d’abord une mission d’informations et de conseils auprès des professionnels ou des particuliers (personnes âgées, personnes en situation de handicap, aidants…). Les CICAT informent gratuitement et en toute neutralité sur les aides techniques.

Adeline Filoche : Chaque CICAT développe ensuite des missions différentes. En 2017, dans le cadre de la loi d’adaptation de la société au vieillissement, notre CICAT a développé deux missions complémentaires.

Nous réalisons des visites chez des personnes âgées de plus de 60 ans dans un but de maintien à domicile. Nous effectuons une première visite d’évaluation puis nous retournons au domicile pour proposer à la personne d’essayer les aides techniques qui nous semblent appropriées.

Nous organisons également des actions de sensibilisation auprès des personnes de plus de 60 ans dans le cadre d’ateliers collectifs. Nous pouvons y réaliser une présentation autour des aides techniques (aides techniques à la marche par exemple) ou bien évoquer une pathologie en particulier comme la maladie de Parkinson.

Par ailleurs, nous intervenons depuis 2018 pour le dispositif Technicothèque de la Sarthe.

Qu’est-ce qu’une aide technique ?

Delphine Goutard : Une aide technique est un matériel qui permet de compenser une limitation d’activité. Sous le terme « aides techniques », on pense le plus souvent à du matériel médical. En réalité, il existe des aides techniques que l’on trouve partout (la télécommande en est un exemple !) et qui peuvent favoriser la vie quotidienne.

Quels types d’aides techniques proposez-vous au CICAT ?

Adeline Filoche : Les aides techniques que nous proposons concernent les différentes activités de la vie quotidienne : les repas, la toilette et l’habillage, les déplacements, les loisirs, l’accès au numérique, les transferts et la mobilité.

Le panel d’aides techniques du CICAT est très large : il va de la canne au téléagrandisseur en passant par des adaptations sur un stylo pour faciliter la préhension, un crochet d’habillement pour enfiler sa veste quand on a un problème moteur à l’épaule, un enfile bas de contention, une barre de redressement au lit pour faciliter les levers et les retournements…

Delphine Goutard : Nous disposons d’une panoplie de modèles différents pour un type d’aide technique. Ainsi, nous avons 3 modèles différents d’enfile bas au CICAT. Deux personnes qui ont besoin d’un enfile bas ne vont pas forcément avoir besoin du même modèle. Le choix du modèle se fait en fonction des capacités de la personne, de son environnement, du type de bas utilisé…

À quel moment peut-on faire appel à un CICAT ?

Adeline Filoche : À tout moment ! Par anticipation ou en prévention par exemple. Un ergothérapeute peut conseiller, alerter sur des points de vigilance. Les personnes peuvent ainsi cheminer. Si elles sont confrontées à une difficulté par la suite, elles peuvent refaire appel au CICAT. Ce sont souvent les enfants qui souhaitent anticiper et insistent auprès de leur parent pour qu’un professionnel intervienne.

Delphine Goutard : Dans la réalité, nous sommes le plus souvent contactées par les aidants ou les professionnels paramédicaux pour des difficultés au domicile, ou après un retour d’hospitalisation par exemple...

Comment procédez-vous pour aider les personnes âgées à s’équiper du matériel qui leur convient ?

Adeline Filoche : Notre évaluation est globale. Nous prenons en compte les capacités de la personne, son lieu de vie, son environnement, son entourage, ses occupations…

La prise en compte des habitudes de vie est une dimension importante de l’évaluation et conditionne les préconisations d’aides techniques.

Delphine Goutard : Nous avons récemment conseillé une personne qui avait besoin d’un aménagement de sa salle de bain, mais qui tenait absolument à sa baignoire. Nous avons préconisé un élévateur de baignoire pour que la dame puisse continuer à prendre des bains.

Les personnes peuvent-elles essayer les aides techniques ?

Delphine Goutard : Il est très important d’essayer une aide technique. Si l’aide technique n’a pas été essayée, il y a potentiellement mise en danger, notamment un risque de chute ou un risque d’abandon de l’utilisation du matériel. Je pense aux fauteuils de salon releveurs qui doivent être choisis en fonction de la morphologie du futur utilisateur.

Adeline Filoche : Concrètement, pour essayer les aides techniques, les personnes peuvent se déplacer chez les revendeurs. Nous pouvons les y rejoindre pour faire les essais avec elles. D’autres revendeurs peuvent apporter le matériel chez la personne où les essais vont se dérouler. Quant à nous, nous pouvons apporter les aides techniques lors des visites à domicile et faire les essais sur le lieu de vie de la personne.

Quels conseils donnez-vous aux personnes âgées ou aux aidants qui viennent au CICAT ?

Delphine Goutard : Nos conseils sont toujours personnalisés, il est donc difficile de faire des généralités ! Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à demander des conseils à un ergothérapeute, à un CICAT et à se faire accompagner.

Adeline Filoche : Quand des difficultés à la marche se font sentir, qu’il devient compliqué de se lever de son lit, il faut penser à se faire accompagner. Des aides techniques peuvent faciliter le quotidien et c’est le moment propice pour se familiariser avec elles.

Quel coût faut-il envisager pour une aide technique ?

Adeline Filoche : Tout dépend de l’aide technique. Des aides financières peuvent être mobilisées : aides de la sécurité sociale, des mutuelles, des caisses de retraite. L’APA (allocation personnalisée d’autonomie) peut également aider à payer certaines aides techniques.

Delphine Goutard : Dans la Sarthe, les bénéficiaires de l’APA et de la PCH (prestation de compensation du handicap) ont accès à une technicothèque. L’objectif est d’accompagner à la mise en place d’aides techniques : les personnes n’ont plus besoin d’attendre le financement, elles bénéficient d’une avance de fonds. En contrepartie, elles s’engagent à restituer le matériel lorsqu’il ne leur sert plus. Il est alors remis en état et proposé à une autre personne.